MalgrĂ© le temps frais, gris et maussade une bonne douzaine de vaillants marcheurs, souriants heureux de se sont retrouvĂ©s Ă 10 heures pile au parc du Portugal, angle boulevard St-Laurent et rue Marianne pour une ballade commentĂ©e de deux heures et demie. Ce parc a Ă©tĂ© construit en 1980 et refait en 1990. Le parc est lâĆuvre de lâarchitecte paysagiste Carlos R. Martinez, qui a Ă©galement conçu et amĂ©nagĂ© le parc des AmĂ©riques que nous avons aussi croisĂ© durant cette visite. Plusieurs artisans dâorigine portugaise ont travaillĂ© Ă cette restauration et câest pourquoi on y retrouve plusieurs des Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs traditionnels portugais le pavĂ©, le coq de Barcelos perchĂ© sur le toit du kiosque Ă musique et des monuments commĂ©moratifs de la vague dâimmigration portugaise de 1953 Ă 2003 Ă MontrĂ©al. Au fil de la promenade, nous avons appris quâune vague importante de nouveaux arrivants portugais sâest installĂ©e Ă MontrĂ©al Ă la fin des annĂ©es cinquante. Ces nouveaux MontrĂ©alais venaient majoritairement des Açores, un archipel de 9 Ăźles volcaniques situĂ©es dans lâocĂ©an Atlantique Ă environ 1 500 km des cĂŽtes du Portugal et Ă 2 500 km au sud-est de Terre-Neuve. Ces gens ont quittĂ© leur pays suite Ă une irruption volcanique sur lâĂle de FaĂŻal qui sâest produite sur une trĂšs longue pĂ©riode durant lâannĂ©e 1957-58. Plusieurs Ă©lĂ©ments de lâhistoire de nos concitoyens montrĂ©alais dâorigine portugaise sont clairement inscrits, disponibles aux yeux de qui sait les dĂ©coder, dans la rue, sur le pavĂ©, sur les murs des bĂątiments, dans le mobilier urbain ou encore camouflĂ©s dans le paysage architectural du quartier. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, un grand nombre de familles originaires du Portugal sâinstallent autour des rues Coloniale, de Bullion, Roy et Rachel. Elles contribuent Ă freiner la dĂ©tĂ©rioration du quartier, ce qui leur a valu un prix dâexcellence de la part de la SociĂ©tĂ© dâarchitecture de MontrĂ©al en 1975. Ă cette Ă©poque, fin des annĂ©es 1950 et dĂ©but des annĂ©es 1960, le gouvernement canadien a soutenu lâimmigration dâun groupe important de jeunes hommes, travailleurs et catholiques, afin dâaller chercher de la main dâĆuvre, mais aussi afin dâencourager des mariages mixtes » entre jeunes hommes portugais et jeunes filles canadiennes et plus spĂ©cifiquement montrĂ©alaises. Il semble toutefois, selon notre guide, que ces jeunes hommes portugais sont dâabord venus sâinstaller Ă MontrĂ©al, ont trouvĂ© du travail et que la majoritĂ© dâentre eux ont ensuite fondĂ© leur famille avec leurs petites amies portugaises quâils ont ensuite fait venir ici. Ce nâest donc quâĂ partir de la 2e gĂ©nĂ©ration que des mariages mixtes » entre personnes dâorigine portugaise et MontrĂ©alais ont commencĂ© Ă se faire. Ă partir du parc du Portugal, en route vers lâĂ©glise Santa Cruz, nous marchons sur la rue St-Laurent. Nous y faisons plusieurs arrĂȘts devant de grandes affiches prĂ©sentant des pans de lâhistoire de la communautĂ© portugaise. Sur Rachel formant comme un passage rĂ©duit en raison dâĂ©difices en briques de plusieurs Ă©tages, construits prĂšs de la rue, une immense carte du quartier portugais, faite de tuiles bleu et blanc, des azulejos », installĂ©e en hauteur sur le mur extĂ©rieur dâun des Ă©difices adjacents Ă la rue. Puis, le passage sâouvre sur une grande place devant lâĂ©glise Santa Cruz, et lĂ encore un immense azulejo mixant les thĂšmes classiques de la mer, des voyages, des dĂ©parts, de lâattente Ă une facture plutĂŽt moderne. Nous faisons un bref arrĂȘt devant le 3919 de la rue Clark, la plus ancienne synagogue juive orthodoxe du Canada. LâĂ©difice fut construit en 1899 et la communautĂ© juive orthodoxe sây est installĂ©e en 1922. Il semblerait, selon notre guide, que, les jours de sabbat, le rabbin actuel qui habite dans le quartier CĂŽte des neiges » marche de chez lui jusquâĂ la synagogue, dans le quartier portugais. Devant les façades bleues, vertes et jaunes de la rue Coloniale, notre guide nous a expliquĂ© que cette coutume de couleurs a Ă©tĂ© apportĂ©e Ă MontrĂ©al par les pĂȘcheurs portugais. C'est dâabord leur barque quâils peignaient de couleurs vives. Et ils utilisaient ce qui restait de peinture pour peindre leur maison â ou tout au moins la façade de leur maison. La barque du pĂȘcheur et sa maison Ă©taient de la mĂȘme couleur. De cette façon, lorsquâils Ă©taient en mer, leur barque restait bien visible pour les gens qui restaient Ă terre. Et les Ă©ventuels acheteurs de poissons savaient, par la couleur de la maison, Ă quel endroit, chaque jour, ils allaient trouver du poisson frais⊠CâĂ©tait une forme de publicitĂ©. TransportĂ©e dans une rue de MontrĂ©al, cette belle coutume met de la couleur dans la ville. La visite a Ă©tĂ© ponctuĂ©e de quelques petits arrĂȘts gastronomiques d'abord une visite Ă une Ă©picerie fine plusieurs en ont profitĂ© pour prendre un petit cafĂ© ou un chocolat chaud, acheter une pĂątisserie, un morceau de fromage. Ensuite, un arrĂȘt dans une pĂątisserie portugaise du quartier a permis Ă la majoritĂ© dâentre nous de faire le plein de pastĂ©is de natas », ces dĂ©licieuses pĂątisseries portugaises aux Ćufs !!! Lorsque nous sommes sortis de la pĂątisserie vers 12 h 15, le soleil sâest montrĂ© le bout du nez, et le temps sâest un peu adouci. Câest autour dâun bon dĂźner dans un restaurant portugais que plusieurs dâentre nous ont terminĂ© ce pĂ©riple portugais en terre du Plateau Mont-Royal ».